Ah? Ce que les gens peuvent être étrange parfois... (PV: Johanna Hope)

Mais… où suis-je ? Au bout de longues minutes à tourner en rond dans les couloirs, Zuey en était arrivé à la conclusion évidente qu’elle était perdue. Et zut … Pensa-t-elle, inquiète. Elle détestait être seule, c’était un fait, mais être seule dans un endroit inconnu lui paraissait de toute évidence bien pire. Aussi fut-elle ravie quand elle croisa un groupe d’élève, preuve que toute trace de vie n’avait pas déserté cette planète. Elle s’avança vers eux de son habituelle démarche sautillante mais les regards qu’ils lui lancèrent alors la stoppèrent dans son élan un peu trop affectueux. Cela lui fit alors remarquer qu’ils étaient tous vêtus de kimonos sombres. Beuh… ils sont bizarres eux… Pensa-t-elle sans imaginer une seule seconde ce que ses vis-à-vis pouvaient dire de sa propre tenue. Car oui, il y’en aurait eut pourtant des choses à dire… Comme toujours, la jeune fille aux cheveux verts avait revêtu une tenue des plus voyantes, dans les tons roses et oranges, et aussi des moins couvrantes, mettant ses jolies jambes et sa poitrine généreuse en valeur. Elle avait également enfilé, comme à son habitude, d’étranges lunettes d’aviateur aux verres teintés qu’elle laissait posé au dessus de son font, comme si cela était purement décoratif. Bref, ce n’était clairement pas le genre de personne qui passait inaperçu… et pourtant, elle comprenait rarement les regards qui se posaient sur elle. Aussi jeta-t-elle un regard stupéfait à une des élèves du groupe qui lui offrit un rictus moqueur, la bousculant avec force en retour. Agacée, la petite Tochi gonfla les joues, fronçant les sourcils tout en posant les mains sur ses hanches. Zuey n’était pas agressive mais le stress que lui avait fournit ce long moment de solitude la rendait légèrement plus soupe au lait que d’ordinaire. C’est ainsi qu’elle se pencha en avant, s’écriant avec humeur :

_ Nan mais dis donc toi ! C’est quoi ton problème ?! T’as de trop grosses fesses pour passer sur le côté ?!

Un silence de mort s’installa dans le couloir. La fille s’avança d’un pas déterminé vers Zuey, la saisissant par le col avant de la soulever comme s’il avait s’agit d’une plume.

_ Oh ? Une Tochi qui donne dans la provoque… amusant non ?

Le reste du groupe éclata d’un rire sonore, s’approchant telles des hyènes autour d’un animal blessé. Zuey ne se débattait pas, espérant juste que la jeune femme relâche son étreinte car elle sentait le nœud de son petit haut se desserrer dangereusement. Encouragée par les autres hyènes, la fille colosse entraîna la Tochi par la porte la plus proche. Ils étaient entrés dans une pièce vaste et lumineuse dont le sol était presque entièrement recouvert de tatamis et bien que Zuey ignorait comment se nomme un tel endroit, une des brutes la renseigna bien vite :

_On a encore un peu de temps avant le début de l’entraînement… si on lui montrait comment on joue avec les petites chieuses aux cheveux verts dans notre dôjo ?

Zuey ne bougeait toujours pas, les écoutants sans broncher. Étrangement cette situation lui faisait horriblement de la peine… Mais elle ne savait pas ce qui la chagrinait le plus dans le fait d’être humilié de la sorte ou dans celui qu’elle allait certainement passer un mauvais moment. La porte s’ouvrit soudain et une silhouette gracile aux longs cheveux blonds entra dans le dojo. La nouvelle venue se stoppa net, observant la scène. L’un des membres du groupe la héla sur un ton menaçant.

_ Hey, toi la Yachiru ! Tu ne bouges pas, sinon tu seras la prochaine ok ? !

Remarquant enfin la présence d’un nouvel individu, Zuey, toujours tenue par le col, se contorsionna de manière à tourner son visage vers elle, plongeant ses grands yeux dans les siens.

_ Hello ~ gazouilla-t-elle sur un ton totalement détaché.

Connaissant Zuey, on aurait très bien pu penser qu’elle était totalement inconsciente du danger… mais pourtant, à cet instant précis, la petite Tochi voulait juste éviter des ennuis à cette personne malchanceuse ayant de toute évidence atterrit au mauvais endroit et au mauvais moment. Ah! mon haut glisse encore...

Johanna prit une grande inspiration et déposa son stylo. Elle relu sa lettre une, deux, trois fois, puis se mordit la lèvre inférieure en se demandant si cela suffirait… Après tout ce n’était que des mots, et ce n’est pas qu’avec des mots que l’on peut déplacer des montagnes… Enfin.

Avec un soupir, elle se dit qu’elle avait encore le temps de se pencher là-dessus et pour l’instant, elle avait vraiment besoin de soulager ses nerfs en pelote. Se levant de sa chaise, elle enfila une veste d’allure très royale par-dessus sa robe de velours bleu et prit son épée qu’elle fixa à sa ceinture, comme toujours (dans son fourreau, évidemment). Une bonne séance d’entrainement dans le dojo s’imposait et, la jeune anglaise en était convaincue, arriverait à lui remettre les idées en place. Elle espérait simplement ne pas croiser certaines personnes…

Elle sortit de sa chambre et salua les quelques Yachiru jouant aux cartes dans le salon en traversant son dortoir. Ils semblaient si joyeux et insouciants… c’était quelque chose qui fascinait de plus en plus la jeune fille ces derniers temps. Aux yeux des autres clans, la facilité des gens de l’eau à s’émerveiller sur toutes les petites choses futiles pouvait passer pour une faiblesse, mais elle qui vivait avec eux et veillait sur eux comme sur une famille, savait que c’était en réalité une incroyable force. Les Yachiru avaient cette capacité d’aimer la vie que très peu possédaient. Cette capacité à toujours trouver quelque chose de beau, même dans le plus hideux des chaos. C’était une qualité des plus nobles et admirables lorsque l’on savait s’y attarder.

La sous-chef sortit dans le corridor et prit immédiatement la direction du dojo. C’était un endroit souvent calme qu’elle appréciait énormément fréquenter. En y entrant par contre, elle fut témoin d’une scène qui la laissa un peu perplexe. Un groupe de personnes entouraient une jeune fille aux cheveux verts et à l’accoutrement un peu excentrique. L’une de ces personnes la tenait par le col au-dessus du sol comme si elle s’apprêtait à la frapper, sous les encouragements de ses congénères.

- Hé, toi la Yachiru ! Lui lança –aboya serait plus juste- l’un des membres de ce petit groupe. Tu ne bouges pas, sinon tu seras la prochaine ok ?!

Johanna haussa un sourcil, incrédule. La victime chercha son regard, s’adressant à elle de manière détachée, mais la Yachiru sentait bien son état de détresse. Sans rien répondre à la pathétique menace qu’elle venait de recevoir, elle s’avança de quelques pas dans la direction du petit groupe, puis dégaina sa belle épée dans un long tintement métallique. Elle l’enfonça ensuite brusquement dans le sol du dojo et un rayon bleu diffus se répandit tout autour, comme des cercles prenant de l’ampleur à la surface de l’eau lorsqu’on y jette un caillou. Une couche de givre recouvrit le plancher et les tatamis, enveloppant toute la pièce dans une température froide alors qu’elle se mettait à escalader les murs.

La demoiselle avait découvert récemment en s’entrainant avec son chef, qu’elle parvenait à convertir l’énergie dont elle se servait en combat en techniques aquatiques selon certaines pulsions. Cette fois ci, la froideur et le mépris qu’elle avait éprouvé envers ces personnes l’avait tout de suite changé en givre.

- Je vous demande pardon. S’avança-t-elle poliment alors que la glace atteignait maintenant le plafond, là où elle se mit à former une série de glaçons pointus et menaçants. Mais cette jeune fille et moi avions prévu un entraînement.

Le jeune garçon qui l’avait menacé s’avança avec un air bagarreur et la sous-chef recula d’un pas, juste au moment où un long glaçon se détachait du plafond pour venir s’écraser précisément où elle se trouvait quelques secondes plus tôt, à quelques centimètres à peine du garçon. Ce dernier stoppa net et déglutit difficilement.

- Je vous prierais donc de nous laisser disposer de cet endroit, si ce n’est trop vous demander.

- Allez venez… Maugréa la fille qui semblait être la meneuse, en laissant tomber brusquement l’autre fille par terre. On gèle ici, de toute façon !

Elle partit d’une démarche frustrée, suivit de près par sa petite clique qui lança quelques regards effarés à la sous-chef Yachiru avant de quitter la salle. Cette dernière s’approcha de la malheureuse victime et lui tendit la main pour l’aider à se relever alors que le givre sur les murs disparaissait peu à peu, redevenant cette étrange lumière bleutée qui entoura la Yachiru comme un halo avant de se fondre dans sa peau.

- On ne sait jamais vraiment à qui on a affaire, ici, tu n’es pas d’accord ? Souffla-elle avec un léger sourire.

Oh, la classe… Zuey était réellement impressionnée par ce qu’elle voyait… D’ailleurs qui ne l’aurait pas été ? Les pouvoirs des cette jolie blonde semblaient aussi puissants que beaux à regarder. La petite Tochi avait toujours été fascinée par tout ce qui touchait à la magie c’est pourquoi pouvoir l’observer de si près la comblait de bonheur. L’épéiste s’avança alors légèrement vers le petit groupe, parlant d’une voix douce et pourtant chargée de mépris.

- Je vous demande pardon, mais cette jeune fille et moi avions prévu un entraînement.

La demoiselle aux cheveux verts la regarda alors d’une telle façon que l’on aurait bien pu voir un point d’interrogation se dessiner sur son visage d’angelot. Un des garçons se détacha du groupe pour s’avancer vers la jolie blonde sans prendre la peine de cacher ses attentions belliqueuses. Il fut stopper par la chute d’un bloc de glace qui sembla lui causer une sacrée frayeur. Ceci fut commenté par un petit sifflotement admiratif de Zuey qui rompit le silence nerveux.

_Je vous prierais donc de nous laisser disposer de cet endroit, si ce n’est trop vous demander.

Reprit ensuite la jeune femme, toujours avec ce ton faussement courtois. Un nouveau silence tendu s’installa avant d’être brisé par la brute qui tenait toujours Zuey au-dessus du sol.

_ Allez venez…  On gèle ici, de toute façon

Grommela-t-elle en laissant tomber la petite Tochi sur le sol froid. Tout le petit groupe sortit alors rapidement. La jeune femme aida ensuite Zuey à se relever tandis que sa magie semblait se dissiper.

_ On ne sait jamais vraiment à qui on a affaire, ici, tu n’es pas d’accord ? Souffla-elle avec un léger sourire.

Zuey se leva lentement, la regardant avec un air légèrement perdu. Son corps tremblait légèrement et elle se mordit alors les lèvres avec une mine contrariée. Allons Zuey, tu n’as pas pleuré tout à l’heure, ce n’est pas maintenant que tu vas… Mais voilà, la vérité était qu’elle avait eut peur et elle ne put donc retenir les larmes de soulagement qui vinrent emplir ses grands yeux turquoises. Elle s’obligea toutefois à sourire, hochant légèrement la tête.

_Haha… ouai, ouai, c’est clair ! Ben si j’aurais su… je serais pas venu quoi !

Elle éclata d’un petit rire semblable au chant d’un petit oiseau, essayant sans doute de dissiper le malaise qui s’était emparé d’elle. C’était la deuxième fois que l’on s’en prenait ainsi à elle sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi et cela lui faisait peur … Les gens pouvaient-ils vraiment se montrer si mauvais ? Malgré tout ce qu’elle avait vu, Zuey voulait continuer à croire que non, que ces personnes n’étaient que des cas isolés…

_ En tout cas merci de m’avoir aidé hein ? On m’aurait bien botté les fesses sinon…

Elle se dandina ensuite légèrement avant d’effectuer une petite pirouette, laissant entrevoir des sous-vêtements étrangement matures pour ce que l’on aurait pu penser de la part de Zuey. Elle se pencha ensuite vers la jeune femme, plongeant son regard dans le sien avant de reprendre la parole, lui gazouillant :

_ On m’appelle Zuey, et toi, c’est quoi ton petit nom ?

- On ne sait jamais vraiment à qui on a affaire, ici, tu n’es pas d’accord ?

Elle regarda la jeune fille avec un sourire amical et fut brusquement déstabilisée de voir ses grands yeux pleins de larmes. Troublée, elle s’apprêtait à enlever sa veste pour lui donner, en signe de réconfort, lorsqu’un grand sourire se dessina sur le visage de cette dernière (ce qui, tout compte fait, était encore plus décontenançant que les larmes).

- Haha… Ouais, ouais, c’est clair ! Ben, si j’aurais su, je serais pas venu quoi !

Johanna lui sourit avec bienveillance, se retenant de la corriger comme l’aurait fait une gentille maman (on dit ‘’si j’avais su’’), mais son rire cristallin l’en dissuada. Elle était soulagée de voir qu’elle reprenait aussi facilement du poil de la bête. Dans un certain sens, elle lui faisait un peu penser à Azuki. Cette dernière également, avait ce don de toujours pouvoir sourire même dans les situations les plus difficiles.

- En tout cas, merci de m’avoir aidé, hein ? On m’aurait bien botté les fesses, sinon…

Elle exécuta ensuite quelque chose comme une petite danse qui amusa la Yachiru. Mais qu’est-ce que c’était que cette drôle de fille ? Cette dernière se présenta comme étant appelée Zuey et demanda ensuite son nom à la jolie anglaise, plongeant son regard dans le sien avec une intensité très théâtrale.

- Je suis Johanna, sous-chef du clan Yachiru, ravie de faire ta connaissance.

Elle recula de quelques pas (n’étant pas tout à fait à l’aise avec cette si soudaine proximité) et dégaina son épée de nouveau. Le dojo désormais vide, elle allait enfin pouvoir faire ce pourquoi elle avait traversé tout le lycée pour venir ici.

- Je suis désolée si je t’ai effrayée, mais il faut parfois savoir prendre les gens par la peur…  Avec toutes ces tensions entre les clans, l’agressivité des élèves augmente, ce qui engendre parfois des altercations violentes. Tu devrais rester prudente.

Avec un nouveau sourire, elle continua ;

- Dans tous les cas, je suis tout de même venue ici pour m’entrainer. Que dirais-tu que je t’aide à savoir te défendre, au cas où une telle situation se reproduise ?

Jusqu’aux affrontements finaux, Johanna s’était donné pour but de pouvoir aider le plus de personnes possible à s’en sortir, cherchant à sa façon, à pouvoir minimiser la liste des morts (si elle ne pouvait secourir qu’une seule personne au sein de tout ce chaos, et bien sa mission serait remplie).